Feminisme décomplexé

C’est quoi pour toi le féminisme?

Parler du féminisme c’est avant tout se poser la question de sa définition. Le dictionnaire Larousse et Wikipédia nous proposent déjà deux versions différentes :

« Mouvement militant pour l’amélioration et l’extension du rôle et des droits des femmes dans la société. » Dictionnaire Larousse

« Le féminisme est un ensemble de mouvements et d’idées politiques, philosophiques et sociales, qui partagent un but commun : définir, établir et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle, personnelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. » Wikipédia

C’est ainsi que l’idée nous est venue de poser 3 questions à nos amis, à notre famille, à nos collègues et à des (in)connus:

C’est quoi pour toi le féminisme ? Es tu féministe? Qui est ton « rôle modèle » ?

La richesse et la diversité de leurs réponses nous ont surpris : le féminisme est une chose très personnelle qui découle des expériences et du ressenti de chacun. Au travers du témoignage d’hommes et de femmes, constat de ce féminisme multiple et vivant.


Marie, 31 ans

C’est quoi pour toi le féminisme ?issara-willenskomer-35824

Le féminisme c’est d’abord une conviction que les femmes ont et doivent avoir les mêmes droits que les hommes. Que le sexe d’un individu ne doit ni ne peut justifier une différence de traitement, dans la sphère entrepreneuriale, commerciale, sociale, culturelle, dans les domaines du droit, de la santé, de l’éducation… partout. C’est lutter contre des préjugés ENORMES, parfois prônés, parfois intégrés et insoupçonnés par les hommes, la société, par les femmes elles mêmes. C’est être une vigie et éduquer.

 

Es-tu féministe ?

Je le suis, mais je préfère dire que je suis humaniste. Cette question est plus large, il s’agit de l’égalité de tous. Les inégalités sur des critères physiques sont partout, et que dire des signes moins visibles et tout aussi porteurs d’injustices. Sexe, religion, origine sociale ou géographique, orientation sexuelle, couleur de peau… la discrimination peut-être à tellement d’endroits. Il n’y a pas un critère discriminant au dessus d’un autre, une lutte plus noble qu’une autre. Il peut y avoir celles avec lesquelles on adhère et celles dans lesquelles on s’engage. Mais moralement aucune ne prédomine. Les Hommes naissent [grandissent en paix, vivent harmonieusement et meurent dignement] libres et égaux en droits… c’est en ça que je crois, c’est en tout cas là où nous devons arriver.

 

Qui est ton « rôle modèle » ?

Mon rôle modèle, je ne sais pas, ce sont les personnes qui œuvrent au vivre ensemble, qui ne se contentent pas de regarder leur petit pré carré bien plus joli que celui du voisin. Ce sont les précurseurs, les visionnaires, les humanistes, les inspirants, des hommes, des femmes, des célébrités et des inconnus. S’il ne fallait en citer que quelques uns je dirais Angela Davis, Hildegade de Bingen, Simone Veil, Georges Sand… quelques unes en l’occurrence.

 


C’est quoi pour toi le féminisme ?

 

    « Pour moi le féminisme, ce n’est ni plus ni moins que l’égalité des sexes. Homme ou Femme nous sommes capables de réaliser les mêmes actions. C’est s’affranchir des codes culturels ou sociétaux afin de dessiner de nouvelles trajectoires et de mieux vivre ensemble. A mon sens, le féminisme c’est une lutte mixte pour plus de liberté. » Amélie 27 ans

 

« Un mouvement remontant en Europe à la fin des années de la Révolution Française, mouvement militant pour l’évolution citoyenne des femmes au travers de revendications portant sur l’extension de leurs droits en vue de réaliser à terme l’égalité et la parité des hommes et des femmes tout en maintenant les spécificités fondamentales de chaque sexe … Un homme n’est pas une femme et réciproquement, l’homme et la femme ne sont pas identiques mais complémentaires et respectables en toute égalité. La pensée féministe doit chercher avant tout à améliorer le statut des femmes dans les Sociétés ayant une tradition basée sur une inégalité des sexes. » Maurice 82 ans

 

« Pour moi, c’est lutter pour qu’on ne se pose plus jamais la question: « et si j’étais un homme, comment ça se serait passé? »  Camille 27 ans

 

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« C’est la possibilité pour les femmes de disposer des mêmes droits et d’avoir les mêmes chances que les hommes. Mais à mes yeux, le féminisme ne peut être au détriment des hommes ou déconnecté d’eux. Les hommes aussi doivent avoir les mêmes droits et mêmes chances que les femmes (ex : congé paternité). Aucun des deux sexes ne doit être cantonné dans des rôles stéréotypés et l’égalité ne sera réelle qu’au prix d’évolutions en faveur des femmes mais aussi des hommes. » Sophie 31 ans

 

« C’est un terme qui ne devrait pas exister mais en l’état c’est juste le fait d’établir une situation – l’égalité homme femme – qui aurait dû l’être depuis bien longtemps ! Pour moi c’est aussi la base du combat contre les discriminations parce que si on se permet de discriminer la moitié de la population mondiale comment pourrait-on être tout à fait ouverts et accueillants envers les minorités ? » Nicolas  

 

« Le féminisme est une démarche globale (politiques, philosophiques et sociales), qui souhaite atteindre une reconnaissance équivalente entre les femmes et les hommes. Tant sur le plan de l’éducation que pour les droits dans la vie professionnelle et sociale. Cet objectif doit être atteint sans nier les caractéristiques profondes des femmes et des hommes. Nous ne sommes pas identiques, mais différents et complémentaires. Nos différences ne doivent pas nous classer comme supérieurs ou inférieurs » Christian 58 ans

 

« Dès que j’évoque le mot « féministe », je me rends compte à quel point il est vu négativement, beaucoup trop affilié à la haine envers les hommes. Le féminisme est la définition même d’une croyance profonde en l’égalité homme/femme. L’égalité. Quelle vienne de l’homme ou de la femme, cette égalité nous concerne tous. C’est une problématique avant tout humaine, tout le monde peut être féministe, même un homme !  » Paloma

 

luke-pamer-40086« Pour moi c’est un ensemble d’initiatives pour faire tomber les préjugés sur les femmes, que ce soit sur leur place dans l’entreprise, dans l’administration ou dans la société. L’image qu’on veut nous en donner malheureusement trop souvent c’est un côté extrême, militant, dans l’esprit : « faire payer aux hommes des années d’abus de pouvoir. » Thomas 26 ans

 

« Le féminisme est un mouvement résolument progressiste. Je pense que tant que les personnes qui sont pour l’égalité refuseront d’utiliser le mot féminisme ou de se reconnaitre féministe, la dissonance par rapport à son message continuera d’exister. Il me semble primordial de considérer également que chacun.e construit son propre féminisme en fonction de son histoire, de ses aspirations, de ses convictions. Les féministes ne sont pas toujours d’accord entre elles / eux et c’est aussi ce qui en fait sa richesse. Tout comme personne n’a de leçon de féminisme à donner, ni à recevoir.  » Céline 28 ans


Es-tu féministe ?

« Je suis féministe et fière de le clamer haut et fort. Je n’ai pas peur de dire que je suis féministe et si cela suscite parfois la surprise et l’étonnement je suis d’autant plus fière car c’est le début du questionnement sur le féminisme chez mon interlocuteur. » Juliette 27 ans

 

« Je m’efforce d’agir de façon féministe le plus possible. Je préfère ne pas considérer  »être féministe » comme un état idéal qu’on peut atteindre. C’est un combat qu’il faut mener sur la durée. Pas de badge de  »bon féministe » parce qu’on a expliqué une fois qu’une blague était sexiste. » Ambre 25 ans

 

joel-mwakasege-205312« Je ne sais pas. Pas militante dans l’âme. Je préfère parler d’égalitarisme.  » Cyrielle 24 ans

 

« Oui mais sur l’approche : défendre l’équité plutôt que l’égalité des sexes. Ne pas converger vers un « tous des hommes » ou « tous des femmes » mais juger objectivement la personnalité de chacun. L’imposer par la force (objectifs, amendes, quotas..) est peut être un passage obligé mais ce que je rêve plutôt c’est justement que l’on n’ait pas besoin de ce type de mesures. » Thomas 26 ans

 

« Oui. Sans être militante j’essaye déjà de faire bouger les lignes dans mon environnement professionnel et personnel en pointant le machisme ordinaire ou les différences de traitement injustifiées. Quand je serai mère j’essayerai de sensibiliser mes enfants, garçons ou filles. L’éducation est la clef pour une société plus égalitaire. » Sophie 31 ans

 

« Le terme « féministe » a mauvaise presse aujourd’hui et est souvent lié à des mouvements anti-hommes. Je n’aime pas utiliser ce mot pour être honnête car cela crée encore une fois une catégorie. Comme l’a dit Maisie Williams : « On devrait arrêter d’appeler les féministes « féministes » et juste commencer à appeler les personnes qui ne sont pas féministes « sexistes » – toutes les autres personnes sont seulement des humains. Comme ça, tu es soit une personne normale, soit une personne sexiste. On donne des étiquettes aux gens lorsqu’ils sont mauvais ». » Jihed

 

« Oui. Une féministe qui croit au potentiel de chaque individu et qui considère que Hommes et Femmes doivent œuvrer ensemble. » Alex

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« A partir du moment où cette égalité n’est pas respectée dans la société et où cela me choque, je me considère comme féministe oui. Il suffit de regarder un débat à l’assemblée nationale un mercredi après-midi pour constater que même au plus haut sommet de l’état, qui est censé donner l’exemple, cette égalité n’est pas respectée (en termes de représentativité mais aussi en termes sociaux puisque les préjugés y sont légion) » Ronan 27 ans

 


Qui est ton « rôle modèle » ?

Dona Sarkar« Dona Sarkar. Elle est responsable du programme Windows Insider de Microsoft, anime une communauté de millions d’utilisateurs et pilote les différents projets d’évolution de Windows. Elle est entourée d’une équipe très masculine et elle a réussi à se faire remarquer non parce que c’est une femme mais parce qu’elle a des qualités personnelles (curiosité, énergie, geek-friendly) qui font d’elles une leader inspirante dans ce domaine. » Thomas 26 ans

 

« Il y en a plusieurs ! En particulier il y a des gens de ma famille… J’ai une grand mère qui il y a 30 ans débattait lors de ses voyages en Libye ou en Syrie de pourquoi une femme devait porter le voile quand un homme pouvait être en t-shirt ou de quelle était la place de la femme dans le petit livre vert. J’ai aussi mes parents qui ont toujours refusé que les tâches domestiques et l’éducation de leurs enfants soit genrée. Dans un registre plus « global », j’ai beaucoup d’admiration pour Sheryl Sandberg ! Enfin, je pense que les vrais « role model » ce sont les militantes et militants qui se battent tous les jours pour que ces questions soient au centre du débat et pour que l’on y trouve des solutions ! » Nicolas

 

Simone Veil

« Plusieurs exemples : En dimension politique : Simone Veil En dimension sociale : Geneviève De Gaulle En dimension économique : Laurence Parisot… avec la limite d’une attitude trop masculine en fin de mandat. En dimension « aventurière » utile : Jacqueline Auriol. Et toutes celles qui travaillent dans l’ombre avec efficacité et…parfois dans la souffrance…. parce que non reconnues. » Josiane 80 ans

 

« A y réfléchir sérieusement, je pense que c’est ma mère qui m’a inculqué mon penchant pour le féminisme. C’est une femme qui est partie d’une famille très patriarcale et machiste d’Italie du Sud, pour se construire en France une carrière et une famille. Je peux entendre en moi résonner encore ses mots : « tu pourras te marier avec qui te veux, faire ce que tu veux de ta vie, mais AVANT fais des études et sois autonome financièrement ». C’est la seule chose que ma mère m’a toujours poussé à faire, étudier, avoir une situation professionnelle et économique stable et qui me permette de ne pas dépendre des hommes. Son féminisme l’a conduite plutôt vers un rejet de l’homme, que je peux comprendre par l’éducation qu’elle a reçu et les situations vécues. Mais elle m’a toujours poussé à aller de l’avant et sa confiance en moi m’a beaucoup aidé à réussir professionnellement. » Alice 31 ans

 

Emma Watson« Mon rôle modèle du féminisme est Emma Watson, car elle est le symbole d’une génération, de notre génération, d’une génération engagée pour l’égalité des sexes. Une génération qui s’implique avec la volonté de faire bouger les choses. Mais Barack Obama est également une des personnes qui m’inspire, car, en se déclarant officiellement féministe lors de son mandat présidentiel, il a démocratisé le fait que les hommes aussi puissent être féministe et se battre pour l’égalité.  » Clara

 

Angela Davis« Des rôles modèles féministes, j’en ai énormément. Il y a évidemment une personne que je dois citer puisque c’est grâce à elle que je suis devenue féministe : Virginie Martin, c’était une de mes professeurs, celle qui m’a initié aux études de genre. Je crois qu’elle ne le sait pas mais c’est elle qui est à l’origine de mon engagement et qui a, je crois que je peux le dire aujourd’hui, considérablement changer ma vie. En tant que jeune femme de convictions, j’admire toutes ces femmes qui ont eu le courage de porter leurs idées à une époque où il était autrement plus compliqué de le faire que de nos jours. Simone de Beauvoir évidemment, qui m’impressionnera toujours par son brillant esprit, sa modernité et la manière dont son travail s’inscrit dans la réalité des défis que nous menons aujourd’hui. Mais aussi les féministes comme Olympe de Gouges, Hubertine Auclert, Benoite Groult, Angela Davis. Enfin, et parce que je suis une vraie fan, la manière dont Beyoncé a su transformer son engagement est à mon sens une vraie source d’inspiration. Voir affiché le mot « Feminist » sur un écran géant au Stade de France sur les mots de Chimamanda Ngozi Adichie était un moment assez émouvant à vivre. Un moment de fierté aussi. » Céline 28 ans

 


Merci à toutes celles et ceux qui se sont prêtés au jeu des questions réponses.

Ingénieure dans l’aéronautique, Alexandra évolue au quotidien dans un monde d’hommes. C’est au travers de cette expérience qu’elle est amenée à réfléchir sur les sujets de mixité homme-femme. Elle exprime sa vision de l’égalité des sexes sans nier les spécificités de chacun car la diversité est avant tout une chance selon elle. Une des missions qui lui tient particulièrement à cœur est de promouvoir les femmes dans les filières techniques. Comme tous les membres de WoMen’Up, Alexandra fait partie de la génération Y. Elle s’interroge sur la meilleure façon de faire travailler les générations ensemble pour créer un monde du travail bienveillant et plus performant. Pour elle, l’intelligence collective et le 1 + 1 = 3 sont les clés du monde de demain.