Regards croisés générationnels : Magaly et Manon Siméon, femmes de carrière !

C’est en rencontrant Magaly Siméon que nous avons eu envie de lancer notre série de témoignages en regards croisés mères-filles. Magaly Siméon est Directrice des assurances collectives de CNP Assurances et membre du Comité Exécutif. Au cœur de notre volonté de co-construction intergénérationnelle, nous avons souhaité échanger avec elle à la fois sur l’articulation de la vie des femmes mais aussi sur la nécessité d’une transmission entre générations. Elle nous a ouvert ses portes et accordé, en duo avec sa fille, cette interview.

WMup : Bonjour à toutes les deux. Manon, tu es la fille de Magaly, peux-tu te présenter en quelques mots ?

manon-simeon-women-up-inspirationManon : Bonjour, Manon, j’ai 21 ans et je suis l’ainée des enfants de Magaly. Je vis actuellement en Angleterre où je poursuis des études en politique et économie avec un focus sur le développement international. Je me dirige vers un Master en droits de l’homme où je m’intéresse particulièrement aux questions des droits de la femme et droits humains en Asie. Je fais partie du Gender Equality Group de mon université et j’écris également pour le Blog We Women.

WMup : Pour cette interview « regards croisés », nous allons commencer par parler « carrière » : Manon, quel regard portes-tu sur celle de ta mère et sa réussite ?

Manon : Je pense que je peux décrire ma mère comme une femme carriériste, en tout cas plus que la norme. Elle a fait le choix d’avoir une vie professionnelle ambitieuse avec des objectifs de cadres dirigeants et des enfants en même temps. Je me suis rendue compte que cela faisait une vraie différence notamment en fréquentant d’autres étudiantes dont les mères étaient au foyer : nous n’avons pas la même vision de la vie ou de la carrière.

Je considère que si on choisit d’avoir des enfants, on ne peut pas tout faire en même temps. Pour avancer plus vite et mieux, c’est plus simple de ne pas en avoir. Dans mes choix professionnels à venir, je prends en compte le fait que la famille sera au second plan. De la même manière, je réalise que le sexisme en entreprise reste très présent. C’est quelque chose que j’ai pu entrevoir dans la carrière de ma mère. Elle a rencontré des personnes, femmes comme hommes d’ailleurs, qui lui ont plutôt mis des bâtons dans les roues.

Magaly : C’est intéressant de l’entendre dire parce que quand je l’ai vécu, je ne m’en étais pas rendu compte. Effectivement avec le recul, je réalise que mon genre a quand même eu une incidence à certains stades de ma carrière. Jusqu’à l’âge de 40 ans, j’ai considéré que ce n’était pas un sujet : « les velus » que je côtoyais ne m’intimidaient pas, au contraire, je m’imposais dans cet environnement. Je n’avais pas réalisé jusqu’à ce que je rentre dans un club de femmes.

A partir de ce moment, on se retrouve exclusivement entre femmes, ce qui ne m’était jamais arrivé car j’ai toujours évolué dans des environnements masculins. On se rend compte en échangeant que certains sujets sur lesquels on se disait « ça doit être moi » sont partagés.

 

WMup : Magaly, quand on a échangé ensemble tu nous disais que lorsqu’arrivent les enfants dans la vie d’une femme, tout bascule. Quel impact est-ce que ça a eu sur ta vie ?

Magaly : J’étais la première de ma famille à avoir un bébé et je n’en avais vu que très peu. J’ai trouvé que la grossesse était un processus très long et fastidieux. On se rend compte que notre corps nous échappe. Il devient une sorte de propriété sociale : on te touche le ventre sans te demander, tu en viens à faire certaines choses en cachette… Tu sais qu’en étant une femme, il y a une autorité sur toi, un regard social, qui est assez désagréable.

Et puis le bébé arrive. Moi qui ne suis pas une femme d’intérieur, je me retrouve bloquée à la maison avec un petit être avec lequel il y a très peu d’interactions. Et tout le monde vous demande si vous êtes heureuse. On répond forcément « OUI » car il n’est pas acceptable de ne pas être épanouie, on nous a dit que c’était le moment le plus merveilleux de notre vie. Au fur et à mesure, il y a un attachement qui se crée, une prise de conscience des besoins du bébé. C’est presque en s’y mettant qu’on commence à y prendre goût.

Mais c’est au moment de la reprise du travail où on réalise qu’il y a un lien qui s’est créé avec la mère et pas avec le père. Un homme qui n’a pas envie de s’occuper de ses enfants n’y est pas obligé. Sauf que l’un des deux doit le faire et il me semble que c’est quasiment tout le temps la femme.

Manon : Ce que je vois beaucoup aussi, c’est que les mères finissent par ne pas « lâcher » quand il s’agit du bébé, à reprendre le père sur tout ce qu’il essaie d’entreprendre avec le bébé. Il y a aussi des hommes qui ont la fibre très paternelle, des femmes très maternelles, mais ça n’aide pas pour autant à savoir ce qu’on va faire avec un bébé. Je pense que, si on n’avait pas été là, ma mère aurait été plus loin et plus vite dans sa carrière.

Magaly : Je n’ai pas rencontré beaucoup de femmes qui ont trouvé génial d’être enceinte. La parole n’est pas encore libérée par rapport à la grossesse. Pendant très longtemps, j’ai cru que je n’étais pas une mère normale : on n’a pas le droit d’être raccord avec ce qu’on ressent. Je me suis tellement retrouvée dans le spectacle « Mother Fucker » de Florence Foresti.

Le plus gros problème par rapport au travail, c’est que le bébé limite le temps qu’on passe dans l’entreprise. On avait réparti les rôles dans mon couple : il restait le matin, je rentrais le soir. Sauf que quand tu pars à 18h de l’entreprise, c’est mal vu, quand bien même tu es arrivé à 7h30. Il faudrait faire ça une semaine sur deux.

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WMup : Un des sujets où les femmes et les jeunes générations se retrouvent c’est le fait de chercher l’équilibre entre vie pro et perso. Comment vous faites / ferez pour le maintenir ?

Manon : Je pense être aussi une personne carriériste dans le sens où je sais que j’aurai une carrière avec un rythme soutenu. La carrière que je veux, ce sera un boulot que je vais devoir ramener à la maison et qui ne correspondra pas à un rythme lié à des enfants. En revanche, je considère qu’il est quand même nécessaire de trouver l’équilibre : même sans enfant, il faut des « en dehors ». L’équilibre se trouve dans les amis, la famille, les vacances… Je vise un poste où je peux avoir du pouvoir pour faire bouger les choses, pour impulser un changement. Avoir des enfants, c’est un choix qui implique de s’en occuper. Aujourd’hui je n’ai pas envie de sacrifier ma carrière pour avoir des enfants. Pour autant, je n’ai pas l’impression que ma mère ait fait des compromis sur ce sujet, tout simplement parce qu’elle est heureuse.

Magaly : A la naissance de Manon, j’ai tout de suite fait le choix de prendre 4/5ème. C’était avant tout pour montrer à mes parents que je pourrais être une bonne mère tout en continuant à travailler ! Cette contrainte sociale que je me suis imposée est finalement devenu un atout dans ma recherche d’équilibre entre vie privée et vie professionnelle.

Aujourd’hui mes trois enfants, sont la chose la plus importante de ma vie. Il y a une différence entre la pression sociale que j’ai ressenti et la manière dont je le vis aujourd’hui. Le sacrifice maintenant, c’est de passer une semaine sans diner avec mes enfants. Parfois, c’est à se demander s’il n’y a pas une sorte de syndrome de Stockholm ! Au départ, je ne me sentais pas faite pour ça et finalement j’aime ça. Ce 4/5ème m’a donné un équilibre de vie que je n’aurai pas eu autrement. C’est de la diversité dans nos vies que nait finalement l’équilibre.

Pouvoir le maintenir a été lié à des choix personnels : le fait de poursuivre ma carrière et de ne pas voir mes enfants avant 19h, de prendre un 4/5ème et donc d’avoir un salaire moins élevé, et bien sur le choix de prendre une nounou pour les enfants. Sans nounou ce n’était pas possible. Mais c’était aussi un choix à assumer.

Manon : C’est vrai qu’assumer d’être une mère pas ou moins présente c’est presque pire que d’autres choix. Parce qu’on vous considèrera facilement comme une mauvaise mère : tu n’as pas réussi le rôle « social » qui t’a été confié. Au moins quand tu n’as pas d’enfant, par exemple, tu n’as pas de risque d’être une mauvaise mère.

 

WMup : Vous vous rejoignez toutes les deux sur la difficulté d’assumer des choix qui ne sont pas conformes : avoir un poste à responsabilité et être au 4/5ème, ne pas vouloir d’enfant… Comment est-ce qu’on gère ce genre de choses ?

Magaly : En ce qui me concerne, je l’ai géré en étant silencieuse, je ne l’ai pas dit. Je n’ai d’ailleurs pas été encouragée à le dire. Il fallait plutôt de pas ébruiter ce « privilège » qui m’avait été accordé. Certains de mes collègues ou collaborateurs l’ont parfois découvert après plusieurs années de collaboration. Il y avait une posture à tenir par rapport au regard des autres, des autres femmes aussi. Je le cachais parce que je craignais l’impact que ça pouvait avoir sur ma vie professionnelle.

Le corps social est assez normatif et la limite de différence qu’il est capable d’accepter est très basse.

J’avais un super boss qui me l’avait accordé et je l’ai mis comme une condition pour mes emplois suivants. J’ai rencontré des hommes ouverts sur ces sujets-là. Aujourd’hui, je fais le choix de m’exposer, si ça peut aider les suivantes. Les aider à avoir le choix, pas à leur imposer le choix du temps partiel. Cela doit rester un choix personnel réel.

Manon : De mon côté, ça a toujours été une question de personnalité. Même plus petite, j’ai toujours eu des goûts plutôt masculins qui ont fait que je ne me retrouvais pas beaucoup dans les discussions de filles et qu’en même temps je ne pouvais pas être avec les garçons parce que la division sexuée intervient très tôt. Avec le temps, j’ai dû assumer le regard des gens par rapport à mes goûts et au fait qu’ils ne correspondent pas aux stéréotypes de genre. Aujourd’hui, il y a quand même un jugement qui est porté par rapport au fait que je ne veux pas d’enfant ou que je sois féministe, qui est un jugement stéréotypé basé sur l’identité qu’ils projettent sur moi. Mais c’est sûr qu’il faut l’assumer et c’est certainement une question de personnalité.

Magaly : Ce que je constate c’est qu’en étant au 4/5ème, j’ai perdu toute forme de convivialité professionnelle : je fais en 4 jours ce que je faisais en 5. J’ai supprimé tout ce qui est chronophage pour optimiser mon agenda afin d’être la plus efficace possible. On me dit souvent que je suis protectrice de mon temps et de fait, je suis parfois moins intégrée à la vie de l’entreprise. J’ai une manière de travailler qui est très orientée sur l’objectif avec certainement une productivité supérieure. J’ai toujours tenu des objectifs fixés à 100, voire à 110%, dans tous mes jobs! J’ai voulu montrer que jamais personne ne pourrait dire que ce jour de moins aurait une incidence sur mon travail. Mais comme c’est un choix personnel, ce n’est pas quelque chose dont je vais me vanter. Dans un environnement où le présentéisme fait encore souvent loi, ce n’est pas toujours facile.

 

WMup : Est-ce que vous vous décrivez comme féministes, est-ce que vous vous reconnaissez dans le féminisme et dans cette nouvelle vague qui est en train de créer ?

Manon : J’assume mon féminisme depuis le lycée. Depuis cette période j’analyse tout en me disant « si je n’avais pas un vagin, qu’est-ce qu’il se passerait ? ». Je n’ai malheureusement pas l’impression qu’il y ait tant de progrès pour les femmes qui ait été réalisés ces dernières années. Le problème avec cette démocratisation c’est qu’on voit des personnes qui disent « Je ne suis pas féministe » alors qu’elles soutiennent des causes féministes (l’égalité professionnelle, salariale, congés paternité etc…). Au final, même s’il y a eu des progrès, ils n’ont pas été portés par des féministes, qui sont allés vers quelque chose de plus radical. Il y a trop de divisions liées à cette problématique du mot « féminisme ». Le mot en soit ne devrait pas avoir tellement d’importance mais il crée des débats qui ralentissent une forme de progrès et qui empêchent de passer directement à l’action.

Magaly : Oui bien sûr, je me considère comme féministe et j’y rajouterai une dimension supplémentaire liée à l’âge : je pense que mon féminisme doit s’exercer à aider les jeunes femmes. Si je peux vous aider à gagner du temps avec mon expérience afin de vous permettre d’aller plus vite, je trouve que ce serait une de mes contributions en tant que féministe.

Je ne vois pas tellement les jeunes femmes de maintenant si différentes de ce que j’ai été. Je le vois dans mes équipes, ce sont elles qui sont encore concernées par ces problématiques de gestion de carrière, de vie, de temps partiel etc… Je me suis rendue compte que si je ne le disais pas, personne ne le disait non plus. Le temps partiel est encore considéré comme un frein naturel aux carrières. Alors que ça peut être un temps de respiration. De mon côté, ça me permet de prendre une distance et d’avoir un temps de réflexion sur mes sujets professionnels pour y apporter des solutions. Et c’est une vraie incitation à la délégation, au partage du pouvoir et à la co-construction qui rendent finalement l’ensemble de l’équipe plus efficace !

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WMup : Magaly, de ton point de vue, qu’est-ce qu’il nous reste à travailler par rapport à nos mères ? Qu’est-ce que tu as envie de dire aux jeunes femmes ?

Magaly : Si on parlait vraiment d’égalité, idéalement si on y était arrivé, vous pourriez faire tous les choix qu’un homme fait sans vous poser de question, et à tout moment. Or, ce que je réalise aujourd’hui c’est qu’à la sortie de l’université, les jeunes femmes font tous les choix qu’elles veulent même si certaines se sont déjà mis des limites. Mais en discutant avec les dirigeants de certaines entreprises, fortement masculines et donc exigeantes en termes d’horaires, ce qu’ils nous disent c’est que naturellement les femmes se censurent et quittent les boites au moment d’avoir des enfants parce qu’elles considèrent que ce n’est pas compatible.

Ce qui soulève des questions : Ont-elles raison ? Est-ce que ça leur donne un équilibre ? Est-ce réellement un choix ? Est-ce que des hommes qui quittent ces métiers pour avoir des enfants ?

On y arrivera quand il n’y aura plus de freins en fonction du genre. On a aujourd’hui des vies et un rapport au travail différents. La diffusion des nouvelles technologies mélange le privé et le professionnel, les rôles dans les foyers ne sont plus gérés de la même manière lorsque les deux parents travaillent… On n’a pas encore retrouvé l’équilibre du modèle qu’on a déstabilisé.

Le sujet des horaires et du temps passé dans l’entreprise a été traité de manière un peu artificielle : s’il y avait un vrai travail effectué sur l’efficacité des réunions avec pour objectif qu’à 18h30 toutes les lumières soient éteintes, ça changerait pas mal de choses. Dans d’autres pays, la gestion du temps est essentielle : ce n’est pas une bonne chose de finir tard, qu’on soit un homme ou une femme. Aujourd’hui les femmes qui gèrent leurs enfants ont une capacité d’organisation exceptionnelle pour partir plus tôt alors que persistent les fameux « visiteurs de bureaux du soir ». Il faut changer cette culture en montrant que rester tard pose des questions concernant la capacité à s’organiser. Quand je manageais des équipes plus petites, où je voyais mon impact, les employés avaient fini par s’aligner sur mes horaires. Ce temps gagné, c’est certainement un des principaux changements pour les dix prochaines années.

 

WMup : Quelles sont les personnes qui vous inspirent ?

Manon : Cristina Yang, parce qu’elle ne se confère pas à la norme. Quand j’étais petite, j’étais évidemment fan d’Hermione Granger. Effectivement ce sont des personnages non réels, parce que ce sont ceux que j’admire, et même si j’adore Emma Watson, je n’aimerai pas pour autant lui ressembler. Il y a bien sûr des personnes que j’admire pour ce qu’elles ont fait mais envers lesquelles je suis assez critique comme Simone Veil ou Simone de Beauvoir.

Magaly : Les personnes qui m’inspirent sont des personnes qui ont fait face à des adversités réelles et qui en sont ressorties avec une espérance et l’envie de changer le monde. Il y a des femmes, notamment dans les pays musulmans, qui ont le courage de vouloir faire bouger les choses dans un monde où elles se mettent en risque en termes de vie. Et assez récemment j’ai rencontré Ginette Kolinka, rescapée d’Auschwitz, un exemple de bienveillance et d’optimisme.

 

WMup : Qu’est-ce que tu penses avoir transmis d’essentiel à tes enfants ? Qu’est-ce que ta mère t’a transmis d’essentiel ?

Manon : Le féminisme. C’est tout à fait lié à ma mère, même si on n’est pas d’accord sur tout. Par exemple concernant mon choix par rapport aux enfants, si je n’avais pas vu ma mère et la manière dont elle a dû nous gérer, j’aurai eu des enfants. Parce que j’aime les enfants et ça ne m’aurait pas dérangé d’en avoir. Mais aujourd’hui j’aime un peu plus le futur job que je veux faire, et je ne veux pas me donner seulement à 50%. Je n’aurai peut-être pas eu cette prise de conscience sans elle.

Magaly : J’espère leur avoir transmis que ce qu’elles veulent est possible. La liberté, c’est de faire des choix et de les assumer. C’est oser. S’il y a un truc que les filles doivent apprendre c’est à oser. Quant à mon garçon : c’est très intéressant d’avoir un garçon car on réalise que toute féministe que nous sommes, on a quand même des projections sociales stéréotypées. Mon fils me permet de prendre conscience de mes biais et d’essayer de les corriger.

 

WMup : Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’être Engagée ?

Manon : J’ai retenu ce que ma mère a dit un jour à un de ses collaborateurs au sujet de l’égalité F/H : elle lui a demandé « Mais tu n’as pas une fille toi ? » en lui faisait prendre conscience qu’elle ne gagnera jamais autant que lui. Il a répondu : « Effectivement, je ne l’avais pas vu comme ça ».

C’est dans cette vision qu’est orienté mon engagement. Mon combat c’est par exemple de montrer que nous sommes enfermé.e.s dans une vision occidentale, notamment en ce qui concerne les droits des femmes. Il n’y a pas que cette vision du féminisme et l’Asie apporte d’ailleurs d’autres modèles. Ce que je veux montrer c’est qu’il est possible d’avoir une conciliation avec les autres types de pensée. Un multiculturalisme qui soit aussi multigenre.

C’est important de s’engager par altruisme. J’ai rapidement pris conscience que j’avais de la chance en tant que femme blanche middle class : à part mon genre, je ne subis pas d’autres formes de discrimination. Il me parait normal d’aider ceux qui ont moins de chance. Etre engagé.e, c’est tout simplement le dire, sans être dans l’agressivité ou le jugement, en étant dans le dialogue. C’est avoir le genre de conversations que nous avons maintenant.

Magaly : Je n’ai pas l’impression que je transmets un monde professionnel à mes filles différent de celui que j’ai reçu. Et ce n’est pas un sentiment de fierté. J’ai fait ma vie professionnelle sans me sentir une responsabilité de changement sur ce sujet-là. Quand je l’ai ressenti, c’était finalement moins une responsabilité que la volonté de gérer mes propres revendications. Alors qu’il y en a plein qui arrivent derrière, dont mes filles. Je suis encore dubitative sur le fait que la génération suivante soit réellement différente. Je pense qu’on vous transmet un monde professionnel encore peu idéal. La question est donc de savoir comment et quoi vous transmettre, comment vous aider et aller plus vite. Ce qui fait que j’ai accepté ce témoignage aujourd’hui, ce que je n’aurai encore pas pu envisager il y a quelques mois !

Céline est une jeune spécialiste des medias, bercée par l’innovation et l’univers du digital. Après plus de 5 ans passés à évoluer au sein du premier groupe media français, elle décide en 2017 de fonder Gender Busters, un cabinet de créativité pour accompagner les entreprises à franchir leur dernier kilomètre vers la mixité. Engagée au travers de WoMen’Up, elle s’investit pour faire voler en éclats les a priori sur les jeunes générations et la mixité. Poursuivant des études sur le Genre, elle souhaite proposer un féminisme démocratisé avec un regard neuf, jeune et décomplexé. Plus que jamais investie pour bousculer les stéréotypes, Céline est l’ambassadrice d’un renouveau féministe porté par WoMen’Up, aussi bien en entreprise que dans la société civile, afin de redéfinir les codes de notre monde.