Genre et environnement : Soyons les actrices de la transition écologique de nos sociétés !

Il y a un an, 150 chefs d’Etats et de Gouvernements se regroupaient au Bourget à l’occasion de la COP21 pour négocier un accord, désormais qualifié d’historique, visant à limiter le réchauffement climatique en dessous de 2 degrés. L’ouverture de la COP22 à Marrakech cette semaine nous invite à revenir sur la grande porosité des questions de genre et d’environnement.

Les femmes aux premières lignes du changement climatique

Le 8 décembre 2015 fut une journée dédiée au genre à la COP21. L’occasion de rappeler que l’égalité homme/femmes est certes un objectif moral, politique, éthique mais qu’il s’agit surtout de l’une des conditions pour assurer la transition vers une croissance durable de nos sociétés.

Les inégalités sont au cœur des réflexions en matière de lutte contre le changement climatique et des négociations internationales dédiées au sujet. Quelles soient inter-pays, nord/sud, liées aux revenus (voir en ce sens l’étude « Inégalités et émissions de CO2 » de Luc Chancel et Thomas Piketty) ou déterminées par le genre, le réchauffement climatique touche de manière différenciée et inégalitaire les individus.  

En effet, le réchauffement planétaire affecte d’abord les plus pauvres du globe. Rappelons en effet que les femmes représentent 70 % des 1,3 milliard de personnes en situation d’extrême pauvreté (1). 

Pourquoi sont-elles aux premières lignes du changement climatique ?  Tout d’abord, parce qu’ elles s’occupent de 60 à 80% de la production agricole (mais n’en touchent que 10% des revenus) (2) dans les pays en développement. Or, ces derniers sont les premiers concernés par les changements environnementaux avec la réduction comme peau de chagrin du nombre de terres cultivables et donc des revenus.  

Au-delà d’affecter la sécurité alimentaire de ces pays, la raréfaction des ressources naturelles conduit les femmes à faire des trajets de plus en plus long pour s’approvisionner, notamment en eau. Au Sénégal, elles passent en moyenne 17,5 heures par semaine à collecter de l’eau (3). Autant de temps en moins pour la scolarisation des plus jeunes ! Ainsi, comme le rappelle Eleanor Blomstrom (4), de l’association WEDO (Women’s Environment and Development Organization), « conjugué à la discrimination économique et sociale, le changement climatique menace le droit des femmes à l’éducation, à l’information, à l’eau, à la nourriture, aux soins médicaux et à une vie à l’abri des violences ». Sur ce dernier point, il est important de souligner que les déplacements et migrations liés aux catastrophes climatiques fragilisent la sécurité des femmes et augmentent les risques de violences physiques et sexuelles. 

 

Faire des femmes les acteurs de la transition écologique dans les pays en voie de développement.

L’accord de Paris du 12 décembre 2015 a pris position pour « l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes », une première !

Préambule de l’Accord de Paris du 12 décembre 2015  (Retrouvez l’accord complet en français ici)

« Conscientes que les changements climatiques sont un sujet de préoccupation pour l’humanité toute entière et que, lorsqu’elles prennent des mesures face à ces changements, les Parties devraient respecter, promouvoir et prendre en considération leurs obligations respectives concernant les droits de l’homme, le droit à la santé, les droits des peuples autochtones, des communautés locales, des migrants, des enfants, des personnes handicapées et des personnes en situation vulnérable et le droit au développement, ainsi que l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et l’équité entre les générations. »

Désormais reconnues comme des acteurs essentiels pour tendre vers des modèles de croissance durable et équitable, et non en simple victimes, les femmes sont au cœur de la réponse au changement climatique. Reste à passer des mots à la pratique !

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En effet, à l’aune de transposition de l’accord de Paris en actions concrètes lors de la COP22, le rôle essentiel des femmes dans la transition écologique de nos sociétés doit être mis à l’honneur. Cet article constitue ainsi l’introduction d’une série de portraits d’hommes et de femmes qui agissent pour une société plus durable et équitable en plaçant la question du genre au cœur des dispositifs d’adaptation aux changements environnementaux.

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(1) http://unfccc.int/paris_agreement/items/9444.php

(2) http://www.cop21.gouv.fr/femmes-et-climat/

(2) http://www.familles-enfance-droitsdesfemmes.gouv.fr/wp-content/uploads/2015/12/Climat-Les-femmes-sengagent.pdf

(3) http://www.cop21.gouv.fr/femmes-et-climat/

(4) https://share.america.gov/fr/les-femmes-premieres-victimes-du-changement-climatique/

Anne-Lise est une jeune consultante en innovation sociale soucieuse de promouvoir l’émergence de modèles économiques durables et responsables dans les entreprises qu’elle accompagne. Engagée depuis ses études dans de multiples projets associatifs, elle s’investit particulièrement sur les enjeux environnementaux et les droits des femmes dans le monde. Elle souhaite valoriser un féminisme moderne, décomplexé et pluriel.