Quand les mutants débarquent au MEDEF !

 

Le 2 juin, WoMen’Up organisait son colloque annuel au MEDEF en collaboration avec The Boson Project sur le thème de La Grande Mutation, proposition d’un nouveau monde.

Colloque qui a fait salle comble, plus de 300 personnes sont venues découvrir nos mutants.

Une ambiance feutrée, une conteuse, des Anonymous, une petite fille de 7 ans, une musicienne à la voix d’or… Tout était fait pour accompagner les intervenants et guider le public dans la conquête de la Grande Mutation.

Nos six intervenants, tous plus brillants les uns que les autres ont donné à voir des exemples, des pistes à suivre pour poser les fondements d’un monde nouveau, plus solidaire, plus responsable, plus engagé.

Trois tableaux – trois ruptures – trois renouveau !

1)     Le renouveau politique : Justin Reeves et Lina Ben Mehnni

2)     Le renouveau économique : Vincent Callebaut et Lindsey Nefesh-Clarke

3)     L’Homme Nouveau : Idriss Aberkanne et Najoua Arduini-ElAtfani

 

Citoyen du monde, l’Homme Nouveau s’engage autrement

D’emblée, Justin Reeves a donné le ton avec son intervention pleine de charmes et d’espoir. Directeur général des programmes nationaux Girl Rising, Justin et son équipe luttent pour l’éducation des filles partout dans le monde et élaborent des outils médiatiques pour sensibiliser et faire changer les choses.

Et puisque qu’une vidéo en dit plus qu’un long discours, nous avons été, d’entrée de jeu, plongés dans l’univers fascinant de Girl Rising.

L’émotion de la salle était palpable. Ce jeune New-Yorkais est revenu sur l’importance d’instruire les jeunes filles, véritable pilier de l’économie et du bien être humain et sur le rôle que les hommes ont à jouer dans ce combat.

 

Individu politique et puissant, l’Homme Nouveau renverse l’ordre établi

Lina Ben Mehnni a continué sur la vague de l’émotion. Son trouble et le teneur de son discours ont fait écho auprès de l’assemblée, littéralement séduite, touchée en plein cœur.

Lina, jeune Tunisienne, s’est révoltée contre le régime de Ben Ali à travers les réseaux sociaux. Mouvement qui a réussit à passer du monde virtuel au monde réel et a su mobiliser les troupes en faveur d’un combat pacifique pour la liberté.

« Electron libre » comme elle se définit, elle ne veut appartenir à aucun mouvement politique. Pour elle, les partis politiques tels qu’ils existent actuellement en Tunisie ne peuvent pas répondre au besoin du peuple et de la jeune génération. Il faut une nouvelle forme de politique plus participative, plus juste, plus près du peuple.

Aujourd’hui, encore, elle continue de se battre et est menacée dans son propre pays. Si la politique prend d’autres formes – avec la montée de mouvements rupturistes (Femen, Anonymous, bloggeurs…) et la perte d’influence des partis traditionnels -, Lina nous montre que les jeunes ne sont pas moins engagés, au contraire, marqués par l’atrocité des guerres du 20^ème siècle et les dérives du Capitalisme, ils prônent une mutation d’un nouveau genre.

 

Urbain génial et concerné, l’Homme Nouveau réinvente son espace

Vincent Callebaut en est l’exemple concret. Cet avant-gardiste belge nous a en a mis plein la vue, avec ses projets de bioarchitecture, relevant presque de la science-fiction.

Depuis des années, Vincent se bat pour des villes vertes en prenant en compte les spécificités locales, humaines, culturelles et environnementales et réinvente sans cesse la société dans laquelle nous vivons en proposant des alternatives dans ce contexte de crise économique et de crise écologique.

Vincent apporte un nouveau visage à la profession d’architecte  en y implémentant d’autres disciplines comme la photosynthèse, la biotechnologie ou encore le bio mimétisme. Une approche décloisonnante pour créer des structures, des équipements intelligents, éco-responsables et pérennes.

Au total, il a produit pas moins de 40 projets. Pour n’en citer que 2 et se faire une idée :

• En 2008, avec Lilypad, il conçoit une ville écologique flottante dans les océans du monde, autosuffisante pouvant accueillir jusqu’à 50 000 habitants. Pour répondre à la problématique du réchauffement climatique qui devrait railler de la carte certains pays d’ici quelques années.
• En 2009, avec Dragonfly, il crée une ferme urbaine verticale auto-suffisante pour New York. Dans ce projet, il opte pour des citoyens jardiniers de leur propre consommation pour réduire l’empreinte écologique des consommateurs urbains.

 

Capitaliste d’un nouveau genre, l’Homme Nouveau donne du sens à l’argent

Lindsey Nefesh-Clarke, a également parlé de développement durable, social et solidaire et de l’importance des « shared value ».

Fondatrice et directrice de Women’s Worldwide Web, – plateforme de crowdfunding pour l’émancipation des femmes et des filles dans le monde, à la ville, à la campagne, dans les pays émergents et dans les pays développés-, Lindsey mise sur l’égalité des sexes et le rôle des femmes dans la croissance.

Si la diversité est source de performance économique et d’innovation, elle est aussi garante d’une meilleure cohésion sociale. Deux choses essentielles dans notre monde en perpétuelle mutation.

Lindsey est l’une des cheffes de fil de cette nouvelle économie sociale, solidaire et durable qui se base sur des modèles ouverts et du financement participatif.

Internet joue un grand rôle à la fois en termes de collecte d’argent mais aussi comme canal d’éducation des femmes et des filles. Les innovations des technologies digitales ont conduit des changements fondamentaux dans la façon de concevoir l’économie et dans le partage des valeurs et des connaissances.

 

A la croisée des flux, l’Homme Nouveau apprend différemment

Idriss Aberkanne, expert en neuroscience cognitive, nous a, d’ailleurs, livré une grande leçon de connaissance. Nous sommes des Homo Sapiens, c’est-à-dire des hommes sages. Mais au 20^ème siècle, l’homme n’a rien eu de sage, nous rappelle-t-il. Il fut brillant mais fondamentalement inintelligent.

Le grand challenge de l’homme du 21^ème siècle est de devenir sage ou de ne pas être du tout. L’enjeu est grand mais l’économie de la connaissance est là pour nous guider, une économie infinie et multiple (en opposition à l’économie matérielle) que l’on doit partager, enrichir, sublimer pour dépasser le monde et ses contradictions. L’assemblage, l’échange des connaissances donnent naissance à d’autres connaissances permettant de faire évoluer le monde positivement. Ainsi, dans l’économie de la connaissance 1+1=3, puis 4, puis 5…

L’économie de la connaissance doit, entre autre, prévenir des combats et œuvrer pour la paix. Et point positif, le capital de l’économie de la connaissance c’est l’attention, le temps. Et si tout le monde ne naît pas avec 1.000 dollars en poche, tout le monde naît avec du temps. Chaque individu a donc sa place et son rôle à jouer dans cette économie-là, qui, de ce fait, tend à être intrinsèquement juste. Mais encore faut-il être prêt à donner de son temps… Et dans quelle circonstance donnons-nous toute notre attention à quelqu’un ? Quand nous sommes amoureux ! L’économie de la connaissance renforce donc la productivité et le pouvoir d’achat des amoureux sincères du savoir.

 

A la croisée des mondes, l’Homme Nouveau n’a plus de couleur

Najoua Arduini-ElAtfani, est résolument prête à donner de son temps pour améliorer la société. En plus de son travail de Responsable de développement au sein de NEOM, Najoua est Présidente du Club du 21^ème siècle,  association qui s’efforce, depuis dix ans, de promouvoir l’égalité des chances, et la représentation positive de la diversité.

Les jeunes reprennent leurs libertés, ce qui a du bon et du moins bon. Najoua est revenue sur l’actualité récente des jeunes aux Européennes : 72% d’abstention et 30% des voix pour le FN. Les jeunes ont perdu toute confiance en les instances (institutions mais aussi entreprises). Néanmoins, on note une volonté de la jeunesse à faire des choses : 25% des moins de 30 ans sont entrepreneurs ; et à prendre son destin en main : « Je n’attendrai pas, j’agirai ».

Najoua se bat contre ce phénomène très français de mettre des gens dans des cases. Nous sommes Homo Sapiens, c’est vrai mais à l’heure du web 2.0, nous sommes aussi des Homo Numericus. Avec Internet, un certain nombre de choses se sont démocratisées. On peut y voir certaines dérives bien sûr mais cela a du positif dans le combat pour l’égalité.

Si l’on prend un site comme Tripadvisor, on ne cherche plus à mettre les gens dans des cases, on se moque de savoir qui se cache derrière la personne qui laisse un commentaire (sexe, origines, voire même âge), celle-ci est vue comme un alter égo.

Femme, immigrée, enfant d’immigrés, travaillant dans les BTP (milieu très masculin), Présidente du Club du 21^ème siècle…, Najoua se demande qui elle est.

Sans doute tout cela à la fois, et bien plus encore car une personne ne se résume pas à une case, elle est multiple, complexe et infiniment riche. Nous sommes tous sur le même pied d’égalité et les instances doivent faire en sorte que ce ne soit pas juste un mirage mais que cela devienne une réalité.

 

Au paroxysme de l’humanité, l’Homme Nouveau n’a pas fini de nous surprendre !

Notre invité mystère était bien réel lui aussi. A la surprise et l’enthousiasme généraux, le robot NAO s’est invité sur les devants de la scène. Il a enflammé le dance floor pour conclure avec humour, subtilité et brio sur les mutations d’aujourd’hui et demain.

Nos six intervenants ont accordé leur violon pour délivrer un message fort et engagé : individuellement, et collaborativement, nous avons tous notre rôle à jouer pour faire bouger les lignes et changer le monde positivement.

Nous remercions encore une fois tous nos intervenants de talents et tous nos partenaires qui nous ont aidés à faire de ce colloque un événement mutationnel d’envergure.

De la part des nouveaux mutants.

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