Fondateur de SVR Consulting (conseil en stratégie de communication et marketing) ; co-président de Tink-It (édition de tatouages temporaires d’artistes) ; co-fondateur et président d’infoveto.com (Premier portail sur la santé des animaux en France) ; co-auteur du livre Les Français à l’étranger – l’expatriation des français, quelle réalité ? (sorti en mars dernier, édité par la CCI Paris Ile-de-France) ; fondateur du blog Foodwineandstyle (sur le vin, la gastronomie et la mode) ; sommelier à ses heures perdues ; … Simon Robert serait-il le nouveau visage de l’entrepreneuriat à la Gen Y ?
A seulement 29 ans, tu multiplies les projets, comment te définirais-tu en quelques mots ?
Je pense que je suis un slasheur, un zappeur dans l’âme. Je me complais dans cette multi-activité car cela m’empêche de me lasser.
Est-ce qu’il y a un lien entre ces différentes activités ?
Le lien entre toutes ces activités tourne autour de la rencontre, soit avec des personnes, soit avec des passions. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’on ne sait jamais d’où viendront les opportunités et qu’à partir du moment où on est bienveillant avec son entourage, on peut, quelques fois, avoir de belles surprises.
Tu as fait un master à l’ESCP Europe, dont une année de MBA Entrepreneuship au Babson College à Boston, l’envie d’entreprendre a-t-elle toujours été ancrée en toi ?
Oui clairement, j’avais déjà envie de m’orienter dans cette voie quand j’étais étudiant. Les hasards de la vie ont fait que je n’ai pas pu me lancer tout de suite car j’avais besoin de financer mes études. Mais dès que j’ai pu m’affranchir du salariat, j’ai tenté ma chance.
Comment fais-tu pour gérer plusieurs sociétés à la fois et faire vivre tes différents projets ?
Il faut être assez détendu. J’ai un planning avec des jalons forts. Les priorités, c’est quand j’ai des obligations vis-à-vis de mes clients et là je suis capable de tout mettre entre parenthèses et d’être efficace pour livrer ce qui est demandé.
A l’inverse, il faut être content d’avoir moins de missions de conseil pour avoir le temps de s’investir dans les autres activités. J’essaie d’être souple, de ne pas trop me mettre la pression et d’être réactif.
Dans mes activités, c’est le conseil qui finance le développement des autres activités ainsi que le travail de sommelier puisque j’anime de nombreuses dégustations de prestige.
En tant que serial entrepreneur, quels sont les principaux freins à l’entrepreneuriat des jeunes en France ?
Clairement, la galère administrative. Le contexte fiscal et de droit social sont très compliqués sans compter l’instabilité juridique.
En se faisant un peu aider, créer une entreprise est relativement simple mais c’est après que cela se corse. Sur une année, le temps perdu à gérer des affaires administratives est considérable. S’occuper de la comptabilité, des relations avec les organismes sociaux, des impôts, etc., c’est assez chronophage et pas très intéressant. C’est du stress, de l’énergie et de l’argent. Une petite boîte, dès qu’elle génère un peu d’argent, devient vite imposée et les charges sociales deviennent vite très élevées dès qu’on se verse un salaire.
La frilosité des banques et le coût du logement à Paris freinent également indéniablement l’entrepreneuriat en Ile-de-France et, plus largement, en France.
En quoi, selon toi, l’expatriation des jeunes français est-elle différente aujourd’hui ?
Elle est différente car, avant, elle était encadrée par des contrats d’expatriation. Les personnes partaient à l’étranger dans le cadre de leur entreprise avec un horizon temps défini (exemple 2 à 3 ans). Avec la crise de 2008, les entreprises envoient beaucoup moins leurs collaborateurs en contrat d’expatriation. Cependant le nombre de Français à l’étranger augmente. Les contrats locaux ainsi que l’entrepreneuriat ont pris le pas avec pour conséquence l’incertitude du retour en France.
Il y a plus d’expatriés français que dans le passé aussi car nous sommes dans une ère de la mobilité, ouverte sur le monde. L’Etat et l’Europe ont d’ailleurs joué un rôle considérable avec les VIEs et Erasmus.
Est-ce que tu crois que c’est plus facile pour un Français de monter sa boîte à l’étranger à l’heure actuelle ?
Ce n’est pas forcément plus facile de monter sa boîte à l’étranger mais c’est plus facile de la gérer à l’étranger. Dans cette population des Français à l’étranger, on se rend compte qu’il y a de plus en plus d’entrepreneurs. Il y a 10 à 15 % de professions libérales et d’entrepreneurs parmi les Français de l’étranger, ce qui est un phénomène assez nouveau car avant c’était de l’expatriation salariée au service d’une entreprise française.
Berlin, par exemple, est formidable pour des jeunes qui souhaitent entreprendre : le coût de la vie est bas, la main d’œuvre est beaucoup moins chère. On peut se développer très vite et être agile. Pour des entrepreneurs qui se lancent avec peu de moyens, Berlin est nettement plus accueillante que Paris.
Quels conseils donnerais-tu aux jeunes désirant se lancer ?
Écouter ses passions, ne pas se fermer des portes.
Quand on regarde les projets qui se lancent, on remarque qu’il y a de l’audace, de la créativité et que certaines personnes ne sont pas prédestinées à tel type de projet et pourtant elles réussissent.
Il faut également être lucide sur les sacrifices économiques et se poser les vraies questions quand on s’associe avec des gens : quel temps la personne va pouvoir dégager sur tel ou tel projet, combien de temps elle va pouvoir tenir sans se verser de salaire, etc. ? Il faut prévoir assez tôt des situations de crises potentielles et prévoir le divorce. Un pacte d’actionnaire, c’est comme un contrat de mariage.
Un autre conseil serait de tester rapidement le concept en grandeur nature, d’avoir une version bétatest et de confronter son business plan au marché avant d’avoir tout investi.
Le premier Business Angel de France c’est le Pôle Emploi. Quand on perd son emploi c’est peut-être le meilleur moment pour créer de la valeur et se lancer dans la création d’entreprise grâce au filet social avec le maintien des indemnités. Les formations proposées par Pole Emploi peuvent être très pertinentes en matière d’entrepreneuriat.
Ces expériences entrepreneuriales sont de plus en plus valorisantes et valorisées. Même en cas de revers, elles sont constructives et restent, en général, bien vues par les recruteurs.
Créer sa boîte, cela rend malin et ouvre d’autres horizons. A partir du moment où on a un projet pertinent, il faut tenter le coup.