Cette année, le forum Elle Active mettait à l’honneur l’ambition féminine en entreprise. L’importance de la présence des femmes dans le management a aujourd’hui largement dépassé le combat de l’égalité hommes/femmes pour devenir un véritable enjeu économique pour les entreprises et la société de manière plus générale. Mais à l’heure où de plus en plus de femmes entrent dans le marché du travail, de nombreux obstacles se dressent encore sur le chemin de leur ascension professionnelle, plus particulièrement lorsqu’elles prétendent à des fonctions de hautes responsabilités.
Elle Active s’est donc attelé à mettre en exergue les freins à l’ambition féminine et à donner les clés du succès aux femmes. Un programme bien rempli pour une journée durant laquelle des femmes, mais aussi des hommes, ont pu confronter leurs avis, échanger, et s’enrichir lors de 17 « corners » portant sur l’auto-promotion ou l’entraide, en passant par la construction de réseau. Carole Brezillon, Aurélie Sykes-Darmon et Guillaume Grillat, membres de WoMen’Up, ont été invités à témoigner sur trois tables rondes : « Les jeunes sont-ils plus paritaires que leurs aînés ? », « Un réseau à 25 ans, pourquoi, comment ? », « A quoi servent les hommes dans les réseaux de femmes ? ».
Les jeunes sont-ils plus paritaires que leurs aînés ?
Carole Brezillon est intervenue aux côtés de Muriel de Saint-Sauveur, Directrice de l’Agence internationale marketing et communication et Directrice de la Diversité du groupe Mazars.
Un échange de visions pour ce duo qui représente deux générations : Baby-boomer et Génération Y.
Dans notre première enquête internationale La Révolution Y, nous avons mis en lumière que les jeunes de la Génération Y revendiquent très largement leur droit au bonheur. Interrogés sur leurs objectifs de vie, ces jeunes qu’on qualifie d’individualistes, désengagés, paresseux ou encore dispersés, accordent la priorité à l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle (28%), suivi par le fait de vivre pleinement leur vie (27%).
D’autre part, pour 77% des jeunes interrogés, la parité est un challenge important pour l’entreprise ; challenge particulièrement important pour les femmes interrogées qui estiment à 83% qu’il est nécessaire que les entreprises s’emparent du sujet, les hommes ne sont pas en reste avec un taux de réponse positif à 66%.
En quelques années, nous avons ainsi glissé d’une revendication féministe à une revendication générationnelle, partagée indifféremment par les deux sexes.
Dans notre deuxième enquête, nous nous sommes intéressés aux jeunes hommes et avons traité la mixité homme / femme de leur point de vue. Dans l’étude Qu’en pensent les hommes ?, ce constat s’est vu confirmé. Aujourd’hui, la mixité en entreprise est acceptée par 88% des hommes de la Génération Y. Elle est vue comme une source d’équilibre et comme un levier de performance en entreprise car elle génère davantage d’écoute, d’innovation et de bonne ambiance.
Les femmes des générations précédentes, Génération X et Baby-boomers, n’avaient pas la possibilité de s’affirmer en tant que femmes au travail, préférant troquer la petite robe noire et les stilettos pour un costume tailleur masquant leurs formes. Pourquoi ? Pour se faire respecter en tant que professionnelles et pour éviter les remarques sexistes qui étaient alors fréquentes.
Bonne nouvelle, aujourd’hui, les jeunes femmes assument complètement leur féminité et n’ont plus aucun complexe à la revendiquer ! Leurs attentes ont changé et les jeunes hommes l’ont bien compris. Ils les décrivent majoritairement comme ambitieuses, fortes, indépendantes…
A l’inverse, les jeunes hommes, qui n’ont pas eu la chance de faire leur révolution et qui n’ont pas non plus (pour le moment) de role models, se retrouvent prisonniers de stéréotypes traditionnels. Ils projettent encore sur eux-mêmes des adjectifs d’un autre temps : forts, protecteurs, virils…
A la maison, les jeunes hommes sont 80% à considérer que le partage des tâches ménagères est une évidence. En cas de désaccord, le couple n’hésite pas non plus à externaliser les tâches ménagères (nounou, service de ménage). Toutefois, les stéréotypes ont la vie dure et quand on regarde le détail du partage des tâches, les hommes s’attribuent (au hasard) le bricolage et la conduite et aux femmes le ménage, le repassage et le bain des enfants. Il reste donc encore un peu de chemin à parcourir !
Chez WoMen’Up, nous souhaitons dépasser le féminisme pour atteindre la mixité. Et celle ci doit se faire tout naturellement dans une approche inclusive : les hommes en sont le pilier. Les jeunes femmes doivent également considérer les hommes comme des acteurs de ce changement majeur.
Alors quid des réseaux mixtes plutôt que des réseaux strictement féminins où les jeunes femmes de la Génération Y ne se reconnaissent de toute façon pas ?
Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : avec ses nouveaux codes et ses aspirations, la Génération Y va révolutionner le monde du travail !
Un réseau à 25 ans, pourquoi et comment ?
Aurélie Sykes-Darmon est intervenue aux côtés des Soraya Khireddine, co-fondatrice de Minute Buzz et fondatrice de 12 Goals et de Camille Cotis, membre de l’Association Pote-Emploi. Trois jeunes femmes au parcours très différent mais qui partagent une même conviction : le réseau est un outil essentiel dans l’ascension professionnelle et qui doit se construire dès le début de la carrière professionnelle. Elles ont néanmoins toutes les trois insisté sur les codes à respecter dans l’art du networking : pour permettre le succès de son réseau, ce-dernier ne doit pas être considéré comme une relation opportuniste, dans laquelle on s’autorise à donner pour recevoir en retour. Au contraire, pour être optimal, le networking doit être perçu comme une relation de partage entre deux interlocuteurs qui peuvent s’enrichir de l’expérience de l’un et de l’autre. Au fur et à mesure des échanges et des rencontres, les barrières tomberont et la relation évoluera vers le personnel.
Mais alors comment construire son réseau lorsqu’on a 25 ans ? Trois conseils de WoMen’Up pour débuter le networking lorsqu’on a peu ou pas d’expérience professionnelle.
1. Se préparer et oser
2. Se démarquer
3. Entretenir des relations
A quoi servent les hommes dans les réseaux de femmes ?
Guillaume Grillat a donné la réplique à Clarisse Reille, Présidente de Grandes Ecoles au féminin. Ils ont tous deux abordé leur vision des choses marquée par une approche générationnelle différente.
1. Est-ce que les hommes sont non désirés dans les réseaux de femmes ?
Alors que pour Clarisse, les réseaux de femmes s’inscrivent dans un contexte historique précis : les femmes ont besoin de se retrouver entre elles, de se rassurer, de se fédérer pour gagner en poids politique ; Guillaume a exposé une vision différente qui place l’homme au cœur des mutations. Pour WoMen’Up, le féminisme doit se penser par les femmes et les hommes. La mixité est la clé d’une plus grande équité en entreprise. « Plus de mixité est facteur d’attractivité et de rétention des talents, de plus de dynamisme, de créativité ». Guillaume a d’ailleurs su insister sur le rôle « évangélisateur » de la Génération Y envers les générations à venir.
2. Quelle est actuellement la place des femmes dans la société et dans les entreprises ?
Le constat est clair : des progrès, mais encore beaucoup de stéréotypes. Le salaire des femmes est inférieur à poste égal d’environ 20%, la représentativité des femmes au conseil d’administration est bien trop faible, le plafond de verre est une réalité encore frappante.
Mais tandis que Clarisse fait état d’un constat général peu rassurant, Guillaume note les perspectives encourageantes concernant la Gen Y.
Les aspirations des femmes de cette génération changent, et doucement les lignes bougent. Plus décomplexées, ces femmes se battent pour le triptyque bonheur / égalité / intégrité. Et les hommes de la Gen Y ne sont pas en reste : ils sont désormais 88% à approuver la mixité en entreprise.
3. Gap générationnel – harmonisation vie pro et perso
Guillaume est revenu sur ses motivations personnelles à rejoindre WoMen’Up.
« J’ai souhaité rejoindre l’association pour trois raisons majeures, dans une logique d’apports mutuels :
- Association mixte, jeune et diverse : après presque quatre ans d’entreprise, c’est l’heure des premiers bilans professionnels et prises de recul (ce qui me plaît, autres compétences que je souhaite continuer à développer, lacunes que je cherche à combler, ce que je souhaite éviter, etc.). Je souhaite m’enrichir de cette diversité de personnes, de parcours ; cette double proximité avec les étudiants / futurs professionnels et les entreprises est essentielle pour appréhender les tendances actuelles.
- Mutations métiers : parallèlement, je pense apporter un regard particulier sur un marché (média), et un métier (RH), tous deux en mutation. Le digital a non seulement considérablement changé les enjeux de communication, mais aussi fait évoluer certains métiers comme celui du recrutement. Désormais, les réseaux sociaux rapprochent recruteur et candidats, mettant fin au mythe du RH « dans sa tour d’ivoire », distant du monde externe à son entreprise. Je souhaite modestement promouvoir ces mutations du métier RH, qui sont révélateurs d’évolutions sociétales inspirées par une Génération Y toujours plus technophile et connectée.
- Désir de m’engager : me rendre simplement utile auprès d’une communauté, pour des jeunes, des entreprises. La cause : une plus forte mixité sociale et professionnelle. »
4. Actions à mener
Pour Clarisse, il s’agit avant tout de « taper haut » et de toucher les grands patrons, cœur du pouvoir. Pour WoMen’Up, l’action se situe à plusieurs niveaux. Il faut tout autant aller sur le terrain à la rencontre des étudiants qu’auprès des entreprises. Il faut également produire du contenu et assurer une veille sur les thématiques de mixité et de la Gen Y pour mieux sensibiliser l’opinion publique.
Et ne l’oublions pas la Gen Y représentera 40% des actifs en France en 2015, préparant les futurs grands patrons de demain.