Je ne compte plus les fois où j’ai entendu de la part de mon entourage, les phrases suivantes sur cette satanée génération Y : « Vous êtes impertinents et individualistes », « Vous voulez tout, tout de suite, vous êtes impatients », « Vous êtes désengagés ».
Mais sont-elles incontestables ? Naturellement, non !
La génération Y est différente de celle qui la précède et de celle qui la suit. Chaque génération a ses codes, ses valeurs, ses comportements, son identité. Réduire 16 millions de personnes à ces adjectifs est un non-sens !
Recadrons un peu les choses : Nés entre 1980 et 1995, avec l’ordinateur dans la main gauche et le téléphone portable dans la main droite, nous sommes également appelés les « digital natives ». D’après une étude du cabinet Deloitte publiée en 2014, la génération Y représentera 75% de la population active en 2025. Ceci peut être l’une des raisons de l’engouement qui existe autour de cette génération et ce besoin de la définir dans des cases.
Impertinente madame « moi-je » !
On ne va pas se mentir… Nous sommes, dans le monde de l’entreprise, la génération « relou ». Mais pourquoi ?
Chers parents, chers seniors, vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-même ! Vous nous avez inculqué des valeurs que nous défendons aujourd’hui. Même le système scolaire s’en est mêlé (pour une fois) ! « Exprime ton point de vue », « n’aie pas peur de t’exprimer », « aie confiance en toi », « sois sûr de toi quand tu parles », « ne te laisse pas faire ».
Toutes ces leçons reçues nous ont fait croire qu’exprimer ce que nous voulons et ce qui fait sens pour nous, c’est obtenir l’adhésion et l’action de nos interlocuteurs.
Est-ce qu’exprimer ce que l’on souhaite est une preuve d’individualisme ? Clairement non ! Nous ne sommes pas individualistes, nous sommes la génération la plus connectée avec nos pairs, mais également avec des parfaits inconnus. Tout ce que nous faisons, découvrons, nous le partageons.
Regardez autour de vous, je n’ai jamais vu autant de tuto sur YouTube (180 millions de vues par mois pour uniquement les tutos), de sites internet qui surfent sur la vague du « Do it yourself » et de blogs (d’après l’agence marketing digital « Acti », on comptait 200 millions de blogs dans le monde en 2013). Et je ne vais pas narrer une énième fois la présence naturelle des réseaux sociaux dans nos vies quotidiennes.
Comment voulez-vous que dans ce monde interconnecté, où l’instantanéité et la réactivité sont des facteurs de performance, nous restions patients ?
L’impatience est mon « Way of life » !
J’ai grandi avec internet et je me rappelle très bien dans le début des années 2000 lorsqu’au bout de 15 minutes mon modem se connectait à internet et que je tchatais avec mes camarades sur MSN, j’étais la plus heureuse des teenagers ! Aujourd’hui si je mets 15 minutes pour accéder à internet sur mon mobile phone, je crie carrément au scandale et je le twitte direct sur la page de mon fournisseur mobile. Mais pourquoi suis-je devenue comme ça ? Ce ne sont ni moi ni ma génération qui sommes devenues comme ça. C’est notre rapport au temps qui a évolué et cela est vrai pour tous les âges.
Les nouvelles technologies ont assurément modifié notre style de vie. Elles nous donnent l’opportunité de combiner à la fois notre vie pro et perso. Une étude d’Opinion Way de décembre 2015 est très intéressante : 54% des sondés estiment ne pas avoir assez de temps, hors les français n’ont jamais eu autant de temps libre. Cela s’explique par l’explosion des échanges personnels (sms, mail, réseaux sociaux, etc) mais également par la multiplication des sources d’informations sur l’ensemble des centres d’intérêts. On adore passer notre temps à lire les dernières news du sport que l’on pratique et des stars que l’on idolâtre ! Cependant nous ne recherchons pas l’instantanéité pour tout d’après cette même étude, « 72% des Français disent éprouver un réel plaisir à désirer un produit et à l’attendre, avant de l’acheter. En dehors des dépenses quotidiennes, 63% affirment dépenser significativement plus, pour acheter un produit dont ils savent qu’il durera plus longtemps. »
Dernier pourcentage à souligner sur l’approche d’avoir «une vie bien remplie ». Pour 67% des répondants cela signifierait « avoir pris le temps de vivre pleinement chaque instant, plutôt que d’avoir fait le maximum de choses »
Ce dernier point m’amène donc à mon dernier sujet : l’engagement de la génération Y. Sommes-nous réellement désengagés ? Tout simplement non !
L’engagement ? Connais pas ?
Il faut d’abord parler de recherche de sens. Le sens de nos actions est tout simplement notre élément moteur. Je resterai longtemps dans mon poste et dans mon entreprise si j’ai du sens dans mes missions, responsabilités et objectifs, si je crois en ce que je fais et dans les valeurs de mon entreprise. C’est cela qui me donne la motivation de me lever le matin, de supporter la foule de la ligne 1 et du RER A et également d’accepter de faire parfois les quelques tâches ingrates de mon boulot.
Aujourd’hui la rémunération ne suffit plus à garder un « millenial » dans vos murs.
Deloitte a publié une étude en Janvier 2016, « 56 % des jeunes issus de la Génération Y n’envisagent aucune collaboration avec certains employeurs, en raison des valeurs ou de la conduite de ces entreprises, et 49 % ont refusé des missions allant à l’encontre de leurs valeurs ou de leur éthique ». « Près de 9 collaborateurs sur 10 (87 %) issus de la Génération Y estiment que la réussite d’une entreprise devrait être mesurée sur des critères allant au-delà des seuls résultats financiers »
Ceci n’est donc pas une question d’engagement, c’est une question de valeurs.
Regardons autour de nous : l’entreprenariat explose ! Pourquoi ? Car la génération Y trouve du sens dans le monde des start-up. La génération Y rêve et se donne les moyens de changer le monde à travers l’entreprenariat et l’économie collaborative. Nous sommes des drogués d’optimisme.
N’est-ce pas une marque d’engagement assez forte ?
Créer une boîte, investir le peu d’économies que nous avons, car nous croûlons déjà sous les échéances de nos prêts étudiants, ne pas compter nos heures et journées passées pour développer cette boîte, NOTRE boîte, passer des heures à pitcher pour faire une levée de fonds, oublier les avantages financiers que les start-up n’ont pas les moyens de payer…. Allez sérieusement, vous ne pouvez plus le nier… Nous sommes bien réellement engagés ! Mais sans doute d’une manière différente que vous l’êtes, chers parents, et chers seniors.
Au-delà de l’entreprenariat, parlons du développement durable. Nous sommes également engagés dans la préservation de notre planète et des ressources naturelles. Une étude de Global Tolerance nous apprend que 62% des jeunes souhaitent travailler uniquement « pour des entreprises et organisations qui cherchent à délivrer un impact environnemental et social positif ». De plus 84% d’entre eux font leurs choix d’achats en fonction de la politique RSE des entreprises. La politique RSE est devenue un des principaux critères dans l’acte d’achat.
Alors ces jeunes, toujours pas engagés ?
Chers parents, chers seniors, chères entreprises, bref chers tous, arrêtez de nous mettre dans des cases, arrêtez de passer par des chemins réducteurs, pour définir toute une génération. Nous sommes les enfants de la diversité : blancs, noirs, beurs, jaunes, catholiques, musulmans, juifs. Cette diversité et cette jeunesse sont les richesses de notre pays alors arrêtons de les brider, laissons-les s’épanouir pour un monde meilleur (car oui la droguée d’optimisme que je suis, rêve encore d’un monde meilleur).